Les droits et les obligations du travail en alternance : ce que tout apprenti doit savoir

Entrer en apprentissage, c’est franchir une étape importante. Tu n’es plus seulement étudiant, tu deviens salarié. Ce double statut attire beaucoup de questions : combien vais-je être payé ? Quelles sont mes obligations ? Quels sont mes droits en cas de problème ?

Dans cet article, tu vas apprendre :

1. Ton statut en entreprise : contrat, encadrement, avantages
2. Tes horaires de travail : ce qui change si tu es mineur·e ou majeur·e
3. Les heures supplémentaires : quand c’est possible et payé
4. Ta santé au travail : visite médicale, sécurité, protections
5. Combien tu touches : salaire, SMIC et absences
6. Tes congés : vacances, événements familiaux et révisions
7. La période d’essai et la rupture de ton contrat
8. Tes droits si tu es en situation de handicap
9. À qui t’adresser dans ton entreprise

Et si tu veux creuser d’autres situations concrètes, notre FAQ dédiée à l’alternance rassemble les réponses aux questions les plus courantes.

Tes droits

En entreprise, tu es salarié·e à part entière. Comme tout salarié, tu signes un contrat de travail, tu touches un salaire, tu as une fiche de paie, des congés payés et tu es affilié·e à la sécurité sociale. Tu es aussi couvert·e en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle.

Tu commences à cotiser pour ta retraite, et certaines entreprises proposent aussi des avantages collectifs comme des tickets restaurant, un comité d’entreprise ou une participation aux frais de transport.

Ton contrat prévoit également une période d’essai. Nous détaillons ce point plus bas dans la section « Période d’essai & rupture« 

Tu es aussi encadré·e : un·e maître d’apprentissage (ou tuteur·rice) est désigné·e pour t’accompagner dans ta montée en compétences, t’intégrer dans l’équipe et faire le lien entre ton école et ton entreprise. C’est ta personne référente.

Tes devoirs

Tu es attendu·e comme un·e salarié·e à part entière. Ça veut dire : être ponctuel·le, sérieux·se, respecter les horaires, les consignes de travail et la confidentialité des infos auxquelles tu as accès.

Tes droits

Quand tu es en alternance, ton temps de travail ne se limite pas à l’entreprise : les heures passées en formation comptent aussi comme du travail effectif. Ton contrat prévoit donc une organisation qui combine les deux.

En principe, tu es soumis·e à la durée légale de 35 heures par semaine, sauf si la convention collective ou un accord d’entreprise prévoit autre chose. Mais ce cadre change selon que tu es majeur·e ou mineur·e :

Ces règles sont là pour protéger ta santé et ton équilibre, surtout si tu es encore en formation initiale. Ne laisse personne te dire que c’est normal de dépasser ces limites.

Tes devoirs

Tu es responsable du respect des horaires définis par ton entreprise et ton organisme de formation.

Cela signifie :

• Arriver à l’heure
• Suivre le planning
• Prévenir en cas de retard ou d’imprévu

Même si l’entreprise fonctionne en horaires variables ou “à la cool”, tu dois toujours savoir quand tu dois être là et ce que tu dois faire.

Tes droits

Faire des heures supplémentaires en tant qu’alternant·e, c’est possible, mais pas automatique. Il faut que ce soit autorisé, encadré et compensé. L’employeur doit respecter la durée maximale du travail prévue par la loi ou la convention collective. Les heures supplémentaires doivent être justifiées et comptabilisées.

Elles donnent droit à un paiement majoré ou à un repos compensateur, selon ce qui est prévu dans l’entreprise.

Tes devoirs

Tu ne dois jamais t’imposer des heures supplémentaires toi-même, même pour “aider” ou “finir plus vite”. C’est l’entreprise qui décide, dans le respect de la loi. Et surtout : pense à noter ton temps de travail (agenda, appli, mail à toi-même…). C’est utile en cas de litige.

Tes droits

Dès ton embauche, tu dois bénéficier d’une visite d’information et de prévention (VIP). C’est une étape obligatoire et gratuite qui permet de vérifier que ton poste ne présente pas de risques pour ta santé.

Elle a lieu dans les trois premiers mois du contrat, ou avant ta prise de poste si tu es mineur·e ou reconnu·e en situation de handicap.

Ton entreprise doit aussi veiller à ce que tu travailles dans un environnement sécurisé : le poste doit être adapté à ton profil, les risques doivent être identifiés, et tu dois être informé·e des consignes de sécurité.

Si ton activité l’exige, on doit te fournir les équipements de protection individuelle (appelés EPI) : casque, gants, blouse, etc.

Tes devoirs

Ton rôle, c’est d’appliquer les consignes qu’on t’a données. Même si l’ambiance est détendue ou que tes collègues ne les respectent pas toujours, tu dois porter les protections qu’on t’a fournies et adopter les bons réflexes pour éviter les accidents. C’est ta sécurité qui est en jeu.

Ton salaire

En tant qu’apprenti·e, tu touches un salaire mensuel, versé à date fixe et accompagné d’une fiche de paie. Le montant dépend de ton âge et de ton année de contrat, avec des pourcentages calculés sur le SMIC. Ta rémunération augmente chaque année.

Le salaire en alternance dépend de ton âge et de ton année de contrat. La loi fixe des pourcentages minimum à appliquer sur le SMIC. Voilà concrètement ce que ça donne depuis le 1ᵉʳ novembre 2024

Pour comprendre précisément combien tu peux espérer gagner en fonction de ta situation, consulte notre article sur la rémunération en alternance.

Tes absences et les arrêts maladie

Si tu tombes malade ou que tu ne peux pas travailler, tu peux bénéficier d’indemnités journalières de l’Assurance Maladie, à condition d’envoyer ton justificatif médical dans les délais (généralement sous 48 h).

Selon la convention collective de ton entreprise, il est possible que tu touches aussi un complément de salaire. Mais attention : tout repose sur la rapidité de ta déclaration et la bonne transmission des documents.

Tes devoirs

Que ce soit pour ton salaire ou pour un arrêt, tu as une obligation de réactivité : prévenir ton tuteur·rice ou ton manager dès que possible, et transmettre les justificatifs (arrêt maladie, certificat, etc.) sans attendre. Plus tu es clair·e et rapide, moins il y a de risque de blocage.

Tes droits

En alternance, tu as les mêmes droits aux congés que les autres salarié·es de ton entreprise. Tu bénéficies donc de 5 semaines de congés payés par an, posés en accord avec ton employeur.

Tu as aussi droit à des congés exceptionnels pour certains événements familiaux (mariage, naissance, décès).

Et si tu prépares un examen lié à ton contrat, tu disposes de 5 jours de congé de révision rémunérés, en plus de tes congés habituels.

Tes devoirs

Tu dois poser tes congés en respectant les règles de l’entreprise (calendrier, validation du manager ou du service RH). Les jours de révision doivent être demandés officiellement, souvent avec un justificatif de ton école.

Et bonne nouvelle : tous ces congés sont rémunérés, tu ne perds jamais de salaire.

Tes droits

Comme tout contrat de travail, celui de l’alternance comporte une période d’essai. Elle est fixée à 45 jours de présence effective en entreprise (les jours de l’école ne sont pas comptés).

Pendant cette période, toi comme ton employeur pouvez décider d’arrêter la collaboration, sans avoir besoin de justifier la décision. La rupture doit toutefois être formalisée par écrit et transmise aux services compétents.

Tu as également droit à un accompagnement pour trouver un nouvel employeur si la rupture intervient. Pour aller plus loin sur ce sujet, consulte notre article sur la rupture du contrat en alternance.

Tes devoirs

Durant cette période d’essai, tu es tenu·e de respecter ton contrat comme un·e salarié·e classique : assiduité, respect des consignes, restitution du matériel si le contrat s’arrête.

Si tu choisis de quitter l’entreprise, tu dois le faire de manière claire et respectueuse, en suivant la procédure écrite.

Tes droits

Si tu es en situation de handicap, tu peux demander des aménagements adaptés pour réussir ton alternance. Cela peut concerner ton emploi du temps (horaires aménagés), ton matériel (logiciels adaptés, poste ergonomique), ou encore l’organisation de tes missions.

Dans chaque entreprise et dans chaque école en alternance, il existe un·e référent·e handicap : c’est la personne chargée de t’écouter, d’évaluer tes besoins et de coordonner les solutions. Ces aménagements sont un droit, pas une faveur.

Tes devoirs

Pour que ces aménagements puissent être mis en place, tu dois exprimer clairement tes besoins et fournir les documents nécessaires (par exemple, une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé – RQTH). Plus tu partages d’informations précises, plus l’entreprise et ton école pourront adapter ton parcours.

→ Ressource utile : https://www.monparcourshandicap.gouv.fr

Quand tu es en alternance, tu n’as pas à tout gérer seul·e : plusieurs personnes peuvent t’aider selon le problème rencontré. Le plus important, c’est de savoir à qui t’adresser directement.

• Au quotidien : ton tuteur ou ton manager direct.
• Pour ton salaire ou ton contrat : le gestionnaire de paie ou le service RH.
• Pour la santé et la sécurité : le service de santé au travail.
• Pour un aménagement lié au handicap : le référent handicap, dans ton entreprise ou ton CFA.
• En cas de conflit persistant avec ton employeur : le médiateur de l’apprentissage, un·e tiers neutre et gratuit·e qui aide à trouver une solution sans procédure lourde.

N’oublie pas : c’est aussi à toi de jouer le jeu en posant tes questions et en expliquant ce qui bloque. Plus tu es clair·e, plus les solutions arriveront vite.

On me confie des tâches sans lien avec ma formation : je dis quoi ?

Explique à ton tuteur·rice que tu veux progresser sur des missions liées à ton diplôme. Si ça continue, alerte ton école qui doit veiller à la cohérence de ta formation.

Mon manager refuse un jour de cours au CFA : qui alerter, dans quel ordre ?

Rappelle-lui que les jours de cours font partie de ton contrat. Si le refus persiste, informe ton tuteur·rice puis ton CFA. En dernier recours, préviens le médiateur de l’apprentissage.

Ma paie n’est pas tombée : quelles étapes concrètes je dois suivre ?

Commence par demander au gestionnaire de paie si le virement a été fait. Si rien ne change, relance ton manager et la personne en charge de paie au sein de l’entreprise.

Je ne me sens pas en sécurité dans mon poste : que faire immédiatement ?

Arrête la tâche risquée, préviens ton tuteur·rice ou ton manager tout de suite. Si le danger persiste, contacte le service de santé au travail ou ton école.

On me programme un jour férié : comment savoir si c’est autorisé ?

Si tu es majeur·e, tu suis les règles de l’entreprise. Si tu es mineur·e, c’est interdit sauf rares dérogations : vérifie auprès des RH ou de ton école avant d’accepter.